Cimetière de Santa Ifigiena à Santiago

Le cimetière patrimonial de Santa Ifigenia s’élève à l’ouest de Santiago de Cuba, dans le quartier José Marti. Bien plus qu’un simple cimetière, ce lieu incarne le panthéon de l’Oriente cubain, où reposent les grandes figures de l’histoire et de la culture nationale. Ici, les allées bordées de mausolées racontent l’épopée de tout un peuple, entre luttes pour l’indépendance et héritage révolutionnaire. Héros, martyrs, artistes et présidents y ont trouvé leur dernier refuge, faisant de ce site un haut lieu de recueillement et de fierté cubaine. Santa Ifigenia est une page de pierre dans le grand livre de l’Histoire, gravée de noms illustres.

Histoire et origine

Le cimetière Santa Ifigenia a été fondé en février 1868, en pleine guerre d’indépendance, pour remplacer le cimetière de Santa Ana devenu obsolète. Les premières inhumations ont eu lieu en avril de la même année. Pensé à l’origine pour accueillir les victimes des combats et de la fièvre jaune, il devient rapidement un site funéraire majeur, reflétant les bouleversements historiques de la nation cubaine.

Classé monument national en 1937, ce statut est confirmé en 1979 par le gouvernement de Fidel Castro, en reconnaissance de son importance historique, culturelle et architecturale. Le cimetière de Santa Ifigenia abrite notamment les restes de 32 généraux des guerres d’indépendance, d’anciens combattants du mouvement mambi, de participants à l’assaut de la caserne Moncada, ainsi que des héros internationalistes.

Architecture et symboles

S’étendant sur plus de 13 hectares et comptant plus de 8 000 sépultures, le cimetière Santa Ifigenia est un véritable musée à ciel ouvert. Il est organisé en 23 patios en forme de croix, traversés d’allées symétriques bordées de tombeaux majestueux.

L’architecture est influencée par les styles néoclassiques européens, mêlés à des motifs cubains : statues d’anges, croix monumentales, grilles en fer forgé, marbres blancs de Carrare, et détails inspirés de la faune et flore locales.

Un centre d’interprétation du patrimoine funéraire, rattaché au conservatoire municipal, explore l’histoire des lieux et des personnalités enterrés.

Une évolution marquée par l’Histoire

Depuis le XIXe siècle, le cimetière a connu plusieurs phases d'agrandissement et de transformation :

• Premiers aménagements d’inspiration classique
• Ajout de monuments à caractère nationaliste au XXe siècle, comme celui de Marti
• Intégration d’espaces commémoratifs modernes, comme la tombe de Fidel Castro, marquée par une esthétique minimaliste.

Cette évolution traduit le passage d’une architecture élitaire à une architecture porteuse de valeurs collectives et révolutionnaires.

Le mausolée de José Marti

Inauguré en 1951, le mausolée de José Marti est le symbole majeur du cimetière de Santa Ifigenia. De forme hexagonale, il a été conçu pour que les rayons du soleil atteignent toujours son cercueil, conformément à son souhait de “ne pas mourir dans l’ombre”. Le tombeau contient de la terre provenant de tous les pays d’Amérique latine, illustrant son influence continentale. Orné du drapeau cubain et d’un bouquet de fleurs blanches, le mausolée de José Marti est un haut lieu patriotique, empreint de recueillement.

Les grandes figures reposant à Santa Ifigenia

Fidel Castro a été inhumé dans le cimetière de Santa Ifigenia le 4 décembre 2016 dans un rocher de granit brut de 49 tonnes extrait de la Sierra Maestra, avec une simple plaque : Fidel. Cette sobriété reflète sa volonté de rester humble, tout en scellant sa proximité symbolique avec Marti.

On trouve aussi dans ce cimetière :

• Carlos Manuel de Céspedes, initiateur de la guerre d’indépendance, surnommé “Père de la Patrie”
• Mariana Grajales, mère des Maceo, figure maternelle de la liberté
• Antonio et José Maceo, généraux des guerres mambises
• Frank et Josué Pais, martyrs d ela révolution contre Batista
• Emilio Bascardi, industriel et philanthrope de la célèbre dynastie du rhum
• Tomás Estrada Palma, premier président de la Eépublique
• Compay Segundo, icône musicale, dont la tombe porte sa guitare, son chapeau et 95 fleurs de bronze
• François Antommarchi, médecin corse de Napoléon, pionnier de l’ophtalmologie cubaine.

Le cimetière comprend également des panthéons collectifs (Martyrs du 26 juillet, Morts pour la défense, Martyrs du Virginius) et des tombes d’autres révolutionnaires comme Otto Parellada, Tony Alomá, Pepito Tey ou encre Dominga Moncada.

Que voir au cimetière de Santa Ifigenia ?

Chaque visite au cimetière de Santa Ifigenia est une plongée au cœur du patrimoine cubain. Dès l’entrée, les visiteurs sont saisis par l’atmosphère solennelle qui règne sur les lieux. Les allées sont bordées de :

• Mausolées d’un blanc éclatant
• Croix monumentales
• Clôtures en fer forgé
• Sculptures angéliques aux ailes repliées.

Les portraits gravés, les dalles de granit poli et les épitaphes témoignent du soin apporté à l’architecture funéraire, entre traditions et symbolisme révolutionnaire.

Mais c’est sans doute la relève de la gare, unique en son genre à Cuba, qui marque le plus les esprits. Toutes les 30 minutes, une garde d’honneur militaire se met en mouvement. En silence, les soldats, rigoureusement sélectionnés et formés pour ce rôle, exécutent une marche chorégraphiée au son d’une musique solennelle jusqu’au mausolée de José Marti, sous les regards attentifs du public.

Instaurée en 2002 à l’initiative de Fidel Castro, cette cérémonie rend hommage aux quatre grandes figures de la nation : José Marti, Carlos Manuel de Céspedes, Mariana Grajales, et Fidel Castro.

Les soldats, immobiles le reste du temps, incarnent la vigilance permanente envers la mémoire nationale. L’événement, unique à Cuba, attire chaque jour de nombreux visiteurs cubains et étrangers. Pour mieux comprendre les symboles, les personnalités et les anecdotes qui imprègnent chaque tombe, une visite guidée est fortement recommandée.

Comment s’y rendre ?

Le cimetière de Santa Ifigenia est facilement accessible depuis le centre-ville. Les voyageurs peuvent s’y rendre à pied pour profiter d’une agréable marche le long de l’Avenida Jesús Menéndez, ou opter pour une balade pittoresque en calèche au départ du parc Alameda jusqu’à l’entrée du site.

Pour ceux qui préfèrent les transports motorisés, des bus locaux desservent les environs du cimetière, et un parking aménagé accueille également les voitures et les autocars touristiques.