Laguna Guanaroca - Guide Cuba - Cuba Criolla

Laguna Guanaroca

À quelques kilomètres de Cienfuegos, nichée entre mangroves et eaux saumâtres, la lagune Guanaroca offre un spectacle que peu de voyageurs oublient. Sanctuaire naturel où le silence n’est troublé que par le battement d’ailes des flamants roses et le chant des oiseaux tropicaux, ce havre protégé invite à une immersion sensorielle rare, entre légende indigène et réalité écologique. Ici, chaque reflet sur l’eau raconte une histoire, chaque cri d’oiseau rappelle que la nature, lorsqu’elle est préservée, devient une scène vivante de beauté pure. Bienvenue dans l’un des trésors cachés de Cuba.

Une lagune saumâtre aux portes de Cienfuegos

À seulement 12 km à l’est de Cienfuegos, dans le centre-sud de Cuba, la lagune de Guanaroca s’impose comme un site naturel d'exception. Ce lac saumâtre de 2,2 km² est formé par le fleuve Arimao, juste avant que celui-ci ne se jette dans la baie de Cienfuegos, via un petit canal de 900 mètres de long. Il bénéficie d’un double apport en eau : douce depuis les rivières de surface et salée depuis la baie de Jagua, ce qui lui confère un écosystème mixte à l’équilibre fragile.

Entourée de mangroves et de végétation dense, la lagune est classée zone protégée, la seule de ce type dans la province. Elle fait partie intégrante du Refuge de faune Laguna Guanaroca - Yaguanabo - El Nicho, un ensemble écologique de plus de 3 000 hectares de terres et d’eaux marines. Cette zone inclut également des formations naturelles complexes comme les Laberintos de los Naturales et plusieurs îlots, dont Cayo Ocampo.

Biodiversité remarquable

La lagune de Guanaroca abrite une biodiversité exceptionnelle, qui en fait l’un des hauts lieux de la conservation écologique à Cuba. Ce site protégé concentre une grande variété d’espèces animales et végétales, souvent endémiques ou menacées, dans un environnement naturel préservé.

Côté avifaune, on dénombre environ 170 espèces d’oiseaux, dont 8 sont endémiques. Le site est particulièrement réputé pour ses colonies de flamants roses, les plus importantes de l’île, que l’on peut observer à proximité immédiate des rives. S’ajoutent à cela :

  • Des pélicans
  • Des hérons
  • Des canards sauvages
  • Des ibis
  • Des tocororo ou trogon cubain (oiseau national de Cuba)
  • Des todiers

De nombreux sentiers aménagés mènent à des plateformes d’observation idéales pour contempler ces oiseaux sans perturber leur habitat.

La flore n’est pas en reste. La lagune est entourée de mangroves particulièrement bien conservées, mais aussi d’une grande variété de plantes endémiques, au nombre de 65 espèces recensées. Parmi les essences présentes, on trouve des avocatiers, des poiriers, des citronniers, ou encore le güira (fruit tropical utilisé pour fabriquer les maracas, instrument de percussion typiquement cubain).

Quant à la faune terrestre et aquatique, elle est d’une richesse tout aussi impressionnante avec plus de 200 espèces d’animaux et d’insectes :

  • 7 espèces de mammifères
  • 3 espèces d’amphibiens
  • 11 types de reptiles
  • Environ 600 mollusques marins
  • Près de 100 espèces de poissons, crustacés et tortues.

Certaines espèces menacées d’extinction, comme le lamantin antillais et la tortue imbriquée (carey), y ont été observées, preuve de l’importance écologique de cette lagune unique.

La légende de la lagune de Guanaroca

La lagune de Guanaroca n’est pas seulement un site géographique : elle est également chargée de symboles mythologiques, notamment dans les récits transmis par le peuple aborigène siboney.

D’après la légende, la première femme sur Terre, Guanaroca, fut créée par Mayora, la Lune. Elle s’unit à Hamao, le premier homme, engendré par Huion, le Soleil. De leur union naquit Imao, leur fils. Mais rongé par la jalousie, Hamao enleva l’enfant, le cacha dans une calebasse (güiro) et l’abandonna dans la forêt. Le bébé mourut, faute de soins et de chaleur.

Lorsque Guanaroca retrouva la calebasse et y découvrit le corps sans vie de son fils, son chagrin fut si immense qu’elle versa des larmes en quantité infinie. Ces larmes formèrent les rivières, les mers et la lagune qui porte aujourd’hui son nom. En tombant, la calebasse libéra une vie marine foisonnante : poissons, tortues, crustacés, peuplant ainsi les eaux.

C’est cette histoire qui fonde la croyance selon laquelle la lagune est la représentation terrestre de la lune, miroir des douleurs humaines et symbole de fertilité et de renaissance. Pour les Siboney, Guanaroca est aussi la créatrice de la rosée et la protectrice bienveillante de l’amour.

Un patrimoine archéologique discret mais précieux

Au-delà de sa richesse naturelle, la réserve de Guanaroca abrite un héritage historique et archéologique encore peu connu du grand public. Plusieurs sites anciens, témoins des premiers établissements humains dans la région, ont été identifiés autour de la lagune. L’un des plus importants est Cayo Ocampo, un petit îlot situé au cœur de la réserve, nommé en l’honneur d’un navigateur espagnol ayant contourné l’île de Cuba.

Ce site aurait été fréquenté par le premier gouverneur espagnol de l’île en 1515, et aurait accueilli, entre 1513 et 1514, le quartier général de Diego Velásquez et de ses capitaines. C’est là qu’ils auraient pris la décision de fonder deux villes majeures de l’époque coloniale : Trinidad et Sancti Spiritus. Par ailleurs, Cayo Ocampo était probablement occupé par une communauté agro-céramique, et pourrait être à l’origine du nom de Jagua, autrefois donné à cette région.

Une zone protégée et rigoureusement surveillée

Pour préserver cet environnement unique, de nombreux projets de conservation sont mis en œuvre. Ils incluent :

  • Le reboisement des zones dégradées
  • La protection des mangroves (notamment les palétuviers)
  • L’entretien manuel des canaux alimentés par le fleuve Arimao (afin de réduire la salinité de la lagune et garantir l’arrivée d’eau douce).

Ces actions permettent de maintenir un équilibre hydrologique essentiel à la survie de plusieurs espèces menacées, comme les crevettes blanches, les tilapias, les mojarras ou les robalos, sensibles à l’augmentation du sel dans l’eau.

En parallèle, deux zones de repeuplement ont été créées pour accueillir des espèces terrestres emblématiques de l’île, telles que les hutias et les iguanes. Le tout est supervisé par le CITMA (ministère de l’environnement cubain) et les autorités locales, qui œuvrent à la protection des écosystèmes, des forêts, des mangroves, ainsi que de la faune aviaire et reptilienne de la réserve.

Visiter la lagune de Guanaroca

La lagune de Guanaroca n’est accessible qu’en compagnie d’un guide local et sur paiement d’un droit d’entrée. L’excursion, d’une durée d’environ deux heures, combine une courte marche et une balade en barque à rames.

La première partie s’effectue à pied,le long du sentier des Güiras, où l’on observe arbres fruitiers, oiseaux forestiers et colibris, notamment autour de l’embarcadère. Ensuite, la visite se poursuit en barque traditionnelle à travers les mangroves, jusqu’à l’autre rive du lac.

Conseils pratiques

Pour profiter pleinement de votre visite à la lagune de Guanaroca, quelques précautions simples s'imposent. Il est conseillé d’arriver tôt le matin pour profiter du calme et maximiser les chances d’observer les oiseaux dans les meilleures conditions. Pensez à emporter des lunettes de soleil, un chapeau, une crème solaire, ainsi qu’une bonne réserve d’eau. Un répulsif anti-moustiques est également recommandé, car la végétation dense et l’absence de toit sur les embarcations favorisent la présence d’insectes.

La période idéale pour observer les oiseaux se situe en hiver et au printemps, lorsque les migrations battent leur plein et que l’activité aviaire est à son maximum. Pour admirer la faune dans les meilleures conditions, sans la déranger, de bonnes jumelles sont vivement conseillées.

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